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Table ronde: Générations arabes

L’année 2011 constitue une rupture fondamentale dans l’histoire politique du monde arabe. Elle brise un cadre figé que l’on croyait inébranlable.

Les révolutions viennent mettre fin à des régimes politiques répressifs dont la longévité, plusieurs fois décennale, dépasse parfois la période durant laquelle les sociétés arabes nouvellement indépendantes ont pu jouir d’une ouverture du champ politique. La soudaineté avec laquelle les mouvements de contestation ont surgi et la rapidité avec laquelle ils se sont propagés, trouvent en grande partie leur explication par le jeu des générations. Le rôle de la jeunesse dans les soulèvements détermine des ressorts qui ont permis le réveil arabe et, rétrospectivement, ceux qui ont rendu possibles l’avènement et la pérennité des dictatures.

Il est vrai que le thème Générations arabes invite d’emblée à porter l’attention sur la jeunesse arabe, cette génération dont on préjugeait qu’elle était dépolitisée, quand on ne la percevait pas comme ancrée dans un islamisme radical. Mais il invite du même coup à interroger les transformations, au fil des décennies, des différentes formes institutionnelles en cause et du rapport au politique des différentes composantes générationnelles.

Le thème générationnel sera abordé dans ses deux dimensions, synchronique et diachronique. Synchronique, en montrant la diversité au sein d’une même génération, et diachronique, en montrant l’évolution, dans l’approche même de l’action politique contestataire, entre les années de construction nationale au lendemain des indépendances, les années révolutionnaires des 1970 et les mouvements sociaux d’aujourd’hui.

A travers ce thème, ce sont des catégories antithétiques propres aux distinctions générationnelles, de permanence/ rupture, obéissance/ rébellion, transmission /occultation, créativité /reproduction, coexistence /exclusion, qui sont mobilisées et qui sont au cœur des dynamiques sociales. Elles renvoient à des sociétés qui, saisies de l’intérieur, s’avèrent être de plein pied dans une modernité que l’on n’a pas voulu regarder.

Henry Laurens et Hana Jaber