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Extension du deuxième ‘Printemps arabe’

Nous assistons aujourd’hui à la deuxième vague du printemps arabe qui touche de nouveaux pays : Algérie, Soudan, Liban, Irak. La différence est que ces mouvements traversent les générations, les classes sociales et les communautés confessionnelles.

7-8 décembre 2019

Séminaire de la Fondation Hicham Alaoui à Florence

Objectif du séminaire

Nous assistons aujourd’hui à la deuxième vague du printemps arabe qui touche de nouveaux pays : Algérie, Soudan, Liban, Irak. La différence est que ces mouvements traversent les générations, les classes sociales et les communautés confessionnelles. Même s’ils refusent toujours de se donner des leaders, ils semblent avoir tenu compte des faiblesses de la première vague et s’installent dans la durée. L’hypothèque des « islamistes en embuscade » est levée : les islamistes de la mouvance Frères musulmans sont marginalisés ou bien récupérés dans le jeu politique national, et les djihadistes ne sont plus des acteurs nationaux.

Le contexte géo stratégique avait largement expliqué la défaite de la première vague : les révoltes en Syrie, au Yémen mais aussi en Libye, avaient été rapidement prises en otage par des interventions extérieures (Iran, Arabie saoudite, Émirats, Égypte, plus récemment Turquie) débouchant sur des guerres par procuration entre l’Iran et le couple Saoudiens- Émiratis (avec les Turcs et le Qatar jouant sur le mode mineur), tandis que le général Sissi avait pu prendre le pouvoir avec le soutien des Saoudiens et des Émiratis en lutte contre les Frères Musulmans.

La question est de savoir si la deuxième vague sera elle aussi victime d’une « Sainte alliance » des états néo-autoritaires.
Le contexte géostratégique est donc une clé essentielle pour mesurer les chances du second printemps arabe. Or il a profondément changé depuis un an. Les coalitions n’ont pas résisté aux interventions extérieures : Saoudiens et Émiratis ne sont plus sur la même longueur d’onde au Yémen, les Iraniens voient leurs alliés chiites en prise pour la première fois à la contestation de rue (Liban, Irak), la Turquie joue en solo en Syrie, l’axe Tel-Aviv-Washington, renforcé par le lien personnel entre Netanyahou et Trump, est désormais fragilisé par la politique erratique de ce dernier. La très grande personnalisation du pouvoir aux USA, Égypte, Turquie et Arabie saoudite n’a paradoxalement entraîné qu’incertitude et instabilité. La Russie n’a pas de grande stratégie pour remplacer l’acteur américain et joue, pour se présenter à peu de frais en arbitre, plus sur le maintien de l’instabilité que sur la mise en place d’un nouvel ordre au Moyen-Orient.

Le séminaire étudiera d’abord la nature des nouveaux mouvements, dans la suite du séminaire de juin, et analysera ensuite le contexte géostratégique en se concentrant sur les relations entre structure du pouvoir (rôle joué par des dirigeants solitaires et souvent fantasques) et stratégie (ou absence de stratégie) régionale.

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Photo : Nadim Kobeissi (Licence Creative Commons)